Poutine s’attaque encore à Wikipédia
0C’est écrit dans le manuel de tout pouvoir fort qui entend bien le rester, il faut maîtriser les informations et contrôler ce que les gens lisent et apprennent. Vladimir Poutine, connaît ses classiques, et il les met en pratique. Le chef du Kremlin, remet sur la sellette sa promotion d’un “Internet souverain”, pour épurer les inepties extérieures. Cela pourrait passer par le remplacement de Wikipédia par une “grande encyclopédie électronique russe”. Celle-ci, aurait le mérite d’être plus en adéquation avec le fonctionnement et les visées du régime en place.
Contrôler internet, ce n’est pas nouveau pour Poutine qui a déjà fait part de cette volonté. C’est pourquoi, depuis 2016 les autorités planchent sur le projet d’un concurrent de Wikipédia. L’encyclopédie, est régulièrement mise à l’index, car certaines informations ne plaisent pas du tout aux autorités. A la manière des chinois, le pouvoir soviet…russe aimerait remettre un peu plus la main sur ce que les gens lisent.
Comme il est de coutume dans pareil cas, il ne faut pas donner l’impression, que cette injonction soit une entrave à la liberté de s’informer, mais plus une protection des Russes contre de pernicieuses idées néfastes à la Russie. Le scénario prévoit donc, qu’un responsable se plaigne d’un problème et que Vladimir Poutine, en bon dirigeant soucieux du bien-être de ses concitoyens, prenne la décision adéquate. Ainsi, lors d’une table ronde consacrée à l’avenir de la langue russe, le recteur de l’université d’État de Saint-Pétersbourg, se plaint alors de l’attitude des magistrats. Ils ont trop tendance, à rédiger leurs jugements selon des règles de droit, trouvées dans Wikipédia plutôt que dans les manuels juridiques. A cela, Poutine répond avec a propos, “avec une telle encyclopédie, on aura au moins des informations fiables présentées sous une forme moderne”, CQFD.
Seulement voilà, c’est un travail de titan et malgré un budget de 27 millions d’euros, l’encyclopédie russe est au point mort depuis bientôt deux ans. Avec 80 000 documents en stock, elle fait pâle figure, face au 1,6 million d’articles en cyrillique, proposé par Wikipédia. Ce chantier, a surtout mis en exergue la corruption et le détournement de fonds qui gangrène la Russie, comme de nombreux autres pays. Le Vice-Premier ministre, responsable de la mission, est aux prises avec un scandale de pots-de-vin. Dans une vidéo, il apparaît même à bord de son yacht, accompagné de prostituées. Tout ceci, ne semble pas vraiment compatible, avec la protection de la vérité et de la stricte intégrité russe.
De son côté, le patron de la branche russe de Wikipédia, Stanislav Kozlovsky, brandit le spectre, d’une opération de censure. Pour cela, il explique que le Kremlin est en constante relation avec des consultants chinois, qui ont désormais leur propre messagerie WeChat. Dans la foulée, des lois suffisamment vagues pour laisser les tribunaux sévir à leur guise apparaissent. La dernière en est un parfait exemple, elle prévoit de sanctionner “tout manque de respect à la société, au gouvernement et aux symboles de l’État russe”.
En 2018, ce sont 650 000 sites qui ont vu leur accès restreint, par les 3 000 employés de l’agence Roskomnadzor. Celle-ci, s’en est prise aussi à la messagerie Telegram créée par le Russe Pavel Dourov. En 2015, Wikipédia a même disparu des écrans durant une nuit à la suite d’une décision de justice ordonnant la fermeture d’une page relative à la consommation de cannabis.
Crédit photo : john schnobrich
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